Démocratie

Aída García Naranjo : "Nous appelons le monde entier à la solidarité avec le Pérou."

Aída García Naranjo :

Aída García Naranjo « Mocha » est l’actuelle présidente de Red sin Fronteras. Auparavant, elle a été ambassadrice du Pérou en République orientale de l’Uruguay, représentante du Pérou au sein de l’Association latino-américaine d’intégration (ALADI) et de MERCOSUR, présidente du Comité de Représentants de l’ALADI et ministre de la Femme et des Populations vulnérables.

Interview réalisée dans le cadre de la deuxième rencontre de l’Alliance Migrations, organisée par l’OCU (Organisation pour la Citoyenneté Universelle) et l’ANVITA (Association nationale des villes et territoires accueillants), à Lisbonne, du 25 au 27 janvier 2023.

Emmaüs International : Quelle est la situation actuellement au Pérou ?

Aída García Naranjo : Nous vivons une période très difficile. On peut dire que le Pérou est un pays qui souffre et qui lutte.

Le Pérou souffre, car depuis le 7 décembre de l’année passée, le régime a changé. Nous sommes passés à un régime civique, militaire, policier qui a déjà plus de 60 morts à son actif. Ce gouvernement autoritaire, qui tente de rester au pouvoir sans avoir été élu, a perpétré des massacres à Andahuaylas, Ayacucho et Puno.

Le Pérou est également un espace de lutte. Le pays entier est debout, avec des revendications très importantes, incluant un changement de gouvernement, la démission de madame Dina Boluarte, la dissolution du Congrès de la République et le changement de son bureau, ainsi que la convocation immédiate de nouvelles élections en 2023.

Quelle est l’origine de cette crise ?

La crise du Pérou n’est pas passagère, mais systémique : ces six dernières années, nous avons eu six présidents, deux cents ministres et neuf Conseils des ministres. Et la situation politique actuelle n’est guère différente : en 45 jours, nous avons eu deux gouvernements, deux Premiers ministres et une situation très critique, incluant plusieurs morts. Tout ceci implique une crise de nature systémique, conséquence d’un modèle économique qui connaît une croissance, mais sans distribution des richesses.

Quel rôle peut jouer la société péruvienne ?

La société est sur le pied de guerre et se montre solidaire envers les populations rurales et abandonnées, qui forment ce qu’on appelle au Pérou « les oubliés ». Il ne s’agit pas du Pérou officiel, mais d’un Pérou profond, où le taux d’emploi informel est de 78 %, où la pauvreté ne cesse d’augmenter, dépassant maintenant les 30 % et où le taux d’enfants en situation alimentaire très critique est très élevé.

Comment la solidarité internationale peut-elle apporter son soutien ?

Nous appelons le monde entier à la solidarité avec le Pérou, pour exiger la fin de la violence et des morts, ainsi que le respect des droits de l’homme, afin de trouver une issue démocratique, populaire et nationale à cette crise.